Vœu [LIBRE&OBLIGATOIRE]

VŒU
[LIBRE&OBLIGATOIRE]

Le moment tant attendu, le voilà.

• N'oubliez pas d'enlever votre masque.
• Un post par personne, alors profitez-en, donnez le paquet.

Entre ses doigts, elle faisait valser son crayon. Elle écrivait tout ce qui lui passait par la tête, que ça soit faux ou juste, peu importait, après tout elle savait que son professeur ne corrigerait pas. Encore une gorgée de café... il lui fallait du courage pour finir ce devoir. Il fallait qu'elle fasse le plus d'exercices possibles pour être prête.
Mais non, trop c'est trop, Meïko finit par s'écrouler sur son bureau. Elle soupira longuement, ferma les yeux, puis les rouvrit sur sa montre. 20h18. De toute la soirée, la jeune fille n'avait fait que travailler, elle n'avait même pas prit le temps de manger. Il était grand temps qu'elle s'accorde une pause. Meïko se leva de sa chaise, s'étira. Elle pouvait être tranquille, aucune de ses colocataires n'étaient là ce soir. Mais au fait, pourquoi ? Elles avaient dit qu'elles devaient aller au ... bal du printemps ?
La rouquine eu soudain comme un déclic. Elle se jeta sur son lit et sortit une affiche qui traînait vers son oreiller. Elle la parcourra des yeux en une seconde, et s'attarda sur une phrase "Présence obligatoire." Présence obligatoire". Doucement, Meïko lâcha la le prospectus et se laissa s'effondrer sur son matelas.

-Putaiiin... souffla t-elle. Heureusement qu'elle s'était déjà transformée la nuit dernière.

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Devant elle, se trouvait un étalage de robe à la manière du carnaval de Venise. Elles étaient vendues avec des masques, des loups, tous plus extravagants les uns que les autres. Meïko soupira, et se colla à la vitrine. Dans la banlieue de Shiinu, tous les magasins de prêt-à-porter vendaient depuis quelques semaines les robes spéciales bal de printemps. Mais comment la petite Meïko n'avait-elle put rien remarquer ? Elle s'était cependant dépêcher d'aller en ville, espérant de tout coeur trouver une robe qui fasse l'affaire, faire son voeu devant le grand chaudron, et retourner se coucher. Hélas, tous les prix étaient exorbitants, et la plus part des robes étaient dans des coloris flashis, pleine de dentelles, de froufrous. Elles ressemblaient à des vieux rideaux que l'on aurait regroupé pour faire un genre de tunique. Et les masques... Il y avait ceux qui cachaient simplement les yeux, ce qui pouvait rester élégant, mais il y en avait d'autres qui couvraient tout le visage et qui étaient remplis de spirales multicolores, de fausses fleurs, de paillettes...
Après quelques minutes de dégoût, Meïko entra dans la boutique, juste avant qu'elle ne ferme ses portes.

-Ce masque s'il vous plaît, dit-elle au vendeur en désignant un loup bleu foncé d'une grande simplicité.

L'homme fut un peu interloqué qu'on lui achète encore ses produits à quelques minutes du bal, mais fit un grand sourire en donnant le masque à Meïko.

-Vous ne prenez pas la robe qui va avec ? ajouta t-il.

La jeune fille le regarda, intriguée. Il lui montra du doigt une robe un peu cachée dans l'arrière boutique. Elle était du même bleu foncé que son masque, elle aussi en velours. C'était une tenue relativement simple, une robe bustier très longue qui descendait jusqu'au pieds, complètement unie, avec juste une petite rose au niveau de la taille, de la même couleur que le reste. Meïko effleura le tissu, regarda le prix. Si sa mère la voyait, elle assassinerait sûrement sa fille. Mais tant pis, elle avait juste le compte. Elle paya, et l'enfila tout de suite dans les vestiaires du magasin. A la hâte elle se coiffa. Pas de maquillage, rien. Elle n'avait pas le temps.

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Meïko arriva à la salle des fêtes à 21 h 30. Elle s'inspecta rapidement dans une vitre, réajusta ses cheveux roux, et posa son loup sur ses yeux. Comme dans un vieux film, il se tenait par une petite barre sur le côté. Elle se trouva plutôt élégante, voir même carrément jolie. Pourvue qu'on ne la remarque pas trop...
La pièce était pleine d'adolescents de tout âge qui discutaient, tous sans exception couverts de masques. Meïko se fit discrète se dirigea vers le grand buffet. Son estomac criait famine, elle n'en pouvait plus. Elle dévora des petits fours, des gâteaux de riz, de la salade de tomate. Lorsqu'elle fut repue, Meïko remarqua enfin la marmite au milieu de la salle. Personne n'osait l'approcher, comme si elle était l'objet d'un maléfice. Sans qu'elle sache pourquoi, le coeur de Meïko se mit à battre. Quelque chose dans ce chaudron l'attirait, mais quoi ? Son rayonnement ? Les pierres précieuses qui l'ornait ? Ou tout simplement le mystère qu'il dégageait ?
Puis les heures passèrent. Meïko ne parla à personne, elle resta adossée au mur. Elle réfléchissait, à son voeu, à ses intentions. Mais pourquoi était-elle là ? Cette fête magique n'avait pas lieu d'être dans son esprit. Pendant des années, elle avait refusé son statut de loup garou. La magie était associé à la douleur, à la monstruosité. Et voilà que depuis qu'elle était à Shiinu, elle participait à ce genre d'événement qui acclamait la magie ! Non, ça n'avait aucun sens. Au moment où elle voulut partir, les douze coup de minuit sonnèrent. Les voeux allaient commencer. Les élèves pressés se dirigèrent comme une masse vers la marmite, ce qui empêcha la pauvre Meïko de gagner la sortie.

-Oh non... voilà que je vais être obligée de... faire mon voeu. En plus je n'ai même pas de caillou !

Poussant quelques personnes bien alignées, Meïko se dirigea vers les fenêtres. Elle tâta pleine d'espoir les rebords. Il lui fallait un caillou, car elle sentait qu'on allait bientôt l'appeler. Et puis miracle, elle sentit sous ses doigts une petite pierre. Elle tenait un minuscule petit gravier plein de poussière. La jeune fille le regarda et prit un air désespéré. Elle savait que de toute manière, elle ne trouverait pas mieux.

Dans la salle, une voix qui se cachait derrière des enceintes appelait une série de noms. Les adolescents s'avançaient, timidement parfois, ou avec assurance. Certains se collaient au chaudron et enlevaient à peine leur masque. Ils n'avaient certainement pas envie d'être reconnus, ce qui était ridicule, vu qu'on venait de les appeler. Ils prononçaient leur voeu à voix très basse puis jetait leur caillou. D'autres encore, arrivaient d'un pas fier, enlevaient leur masque en le jetant par terre, criaient leur voeu, et lançaient leur pierre avec vigueur.
Tous ceux qui passèrent avant Meïko obtinrent des résultats. Puis la voix dans le micro finit par prononcer son nom. Personne cependant ne la chercha des yeux. Elle se glissa furtivement entre la foule, tenant son masque collé sur ses yeux. Personne ou presque ne le remarqua. Les gens passaient tellement vite et à la file, que personne de prêtait attention à personne. C'était parfait pour Meïko, dont un des pires cauchemars était d'être l'objet de l'attention de tous. Son pas ralentit. Elle toucha le chaudron, qui en réponse, l'éblouit de sa couleur jaunâtre. Son regard partir à droite, à gauche. Non, personne ne la regardait. Elle retira avec précaution son loup et serra de plus belle son caillou entre ses mains. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, courage, il lui fallait du courage. Mais pourquoi ses mains tremblaient ? Que lui arrive t-il ?

-Je souhaite, commença t-elle d'une vois à peine audible. Je... je souhaite... ne plus jamais... faire de mal à qui que ce soit à cause du... monstre en moi.

Sa respiration devint angoissée. Elle tendit le bras au dessus du chaudron, et ouvrit doigts après doigts la main qui renfermait le gravier. Celui ci coula dans l'eau doucement. Il semblait à Meïko que la salle était vide, qu'il n'y avait plus qu'elle et ce chaudron "magique". Une seconde... Deux secondes... Trois.. Quatre... Non, ce n'est pas possible ! Elle fixait le liquide comme jamais. Mais rien, non rien ne se produit. Pas de fumée, pas de changement de couleur. Pas même de rond dans l'eau. Rien, le silence. Il a fallu à Meïko un certain temps pour se rendre compte que son voeu ne se réaliserait pas. Ses yeux se mirent à pleurer, elle ne contrôlait plus rien. Elle tremblait, elle avait froid. Ses joues devinrent rouges. En se mettant à pleurer, elle devenait le centre de préoccupation et de moquerie des autres.
D'un geste désespéré, elle reprit son loup et le colla le plus possible à son visage. Elle se mit à courir à travers la foule. Elle bousculait, elle cognait, elle ne s'excusait pas. Quelque chose en elle la bouleversait. Une fois dehors, elle se laissa tomber sur la pelouse. Meïko avait du mal à respirer, à parler. Pourquoi ses larmes coulaient ainsi ? Une seule phrase tournait en boucle dans sa tête :

"Non, ce n'est pas possible, non, non !"