Une sortie shopping ?


Fûka s'était décidée à aller faire les boutiques. Elle détestait ça d'habitude. Elle était maladroite, et n'aimait pas spécialement son corps. A chaque fois qu'elle entrait quelque part, il lui semblait que toutes les femmes présentes dans la boutique se tournaient vers elle et la jaugeait.
Il semblait à Fûka qu'elle n'avait porté un jean qu'en de rares occasions. Elle préférait de loin les robes blanches et volantes, qui cachait sa minceur presque maladive et sa poitrine trop grosse, en comparaison.

Mais elle s'était décidée à changer, ses habituelles tenues commençant à être un peu usée, depuis le temps qu'elle était à Shiinu. Et puis, c'était son anniversaire, elle devait essayer de faire des choses normales, en évitant de se retrouver devant les autres pensionnaires, pour éviter les joyeuses embrassades et les cadeaux gênants. Car Fûka détestait le jour de sa naissance.

Elle refoula ses tristes pensées et s'engouffra dans la première boutique de fringue venue, une jolie adresse pleine de couleurs vives. Personne ne penserait à la chercher ici, ils iraient plutôt à l'infirmerie ou au coin des plantes médicinales. La sorcière d'eau avait trouvé la cachette idéale.

Elle se contempla sans un miroir. Des cheveux bleus, changeants selon son humeur, passant du marine au turquoise. Sa peau blanche, sans aucun grain de beauté où tâche de rousseur. Elle n'avait pas de faussettes ou des commissures près des lèvres, un visage en forme de coeur, son front caché sous une épaisse frange. Elle ne s'était pas coupée les cheveux depuis un bon bout de temps.

Elle se dirigea vers le premier rayon venu, en essayant de faire abstraction des femmes qui se retournaient sur son passage. Il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'une jeune fille de 18ans aux cheveux longs et bleus, à la peau pâle comme neige et à l'air stoïque pouvait intriguer les gens. Non, elle pensait juste qu'elle n'était pas belle, en tout cas, elle n'était pas comme les autres.

C'est perdue dans ses pensées qu'elle bouscula une jeune fille, sans le faire exprès. Elles tombèrent toutes deux dans une pile de jeans en promotion...

Suki respira un grand coup. Enfin ! Elle y était ! L'odeur des vêtements neufs, le brouhaha habituel des nombreuses clientes, la musique du top 10 du moment en bruit de fond... Les magasins comme elle les aimait. Son parapluie léopard ruisselant de pluie à la main, elle avait bien mérité de se trouver ici après tout ce qu'elle avait enduré pour y arriver.

En ce milieu d'après-midi, Suki avait brusquement eut la furieuse envie d'aller faire du shopping. Seul problème ; il pleuvait tellement que la route s'était transformée en vraie rivière. Enfin, "problème", pas vraiment puisque notre neko n'avait été nullement découragée, au contraire : elle s'était munie de son parapluie à la dernière mode et avait chaussé ses talons sans aucune crainte - et n'était par la suite pas tombée une seule fois.

Elle ouvrit son trench et commença à se balader dans les allées du magasin dans lequel elle se trouvait. Les articles étaient de plutôt bon goût, quoi que peut-être un peu à côté du style de la jeune fille. Elle allait saisir une veste accrochée sur un portant lorsqu'une personne arrivée par derrière la bouscula. Elle essaya de se rattraper aux vêtements pendus aux alentours en une vaine tentative pour ne pas tomber, mais elle perdit l'équilibre et tomba dans une pile de jeans, ensuite recouverte par les habits qu'elle avait décrochés. Elle émit un petit gémissement et resta enfouie là, sans bouger. Elle imaginait parfaitement la tête des vendeuses et des clients certainement attroupés autour d'elle, ne s'inquiétant pas le moins du monde pour elle, se souciant en revanche de l'état de tous les potentiels achats à présent éparpillés par terre. Finalement, elle ôta le tissu qui lui cachait le visage et se redressa. Elle se rendit compte seulement à cet instant qu'elles étaient deux à se partager ce lit de fortune. Évidemment, si elle était tombée, c'était bien à cause de quelqu'un. Sans faire attention aux vendeuses qui, comme l'avait deviné Suki, étaient furieuses, elle se prit à observer la jeune fille à côté d'elle. Elle avait l'air fragile, chétive, et rien que le fait de s'écrouler dans une pile de jeans semblait devenir dangereux pour elle. Elle haussa les épaules à la vue de sa chevelure bleue. Étrange couleur. Selon Suki, il n'y avait que les grands mères pour se teindre les cheveux en bleu, mais après tout, chacun ses goûts. La neko s'extirpa du tas de vêtements et se retourna pour sourire à sa nouvelle rencontre.


« Moi c'est... Oh mon Dieu ! »

La jeune femme écarquilla les yeux et se jeta sur un jean à moitié coincé sous Miss Cheveux Bleus. Il était... Parfait. De couleur plutôt sombre, les coutures à peine plus claires se détachaient très légèrement du tissu. Il était muni de plusieurs fermetures éclair et il avait des "effets usés" à plusieurs endroits. Elle tira un peu dessus pour le dégager du postérieur de la fille et le serra contre sa poitrine après avoir jeté un coup d'œil à la taille - la bonne.


« C'est le DESTIN ! »

Puis, dans un geste purement exagéré, Suki enfouit son visage dans le jean pour y respirer l'odeur du destin.

[Non mais MDR quoi.]

Fûka avait la tête enfoncé dans un bon paquet de jeans et respirait l'odeur du cuir. Elle détestait ça. La sorcière d'eau se releva en toussant. Elle leva les yeux et vit que tout le magasin l'observait. Elle piqua un fard et fut reprise d'une quinte de toux.

Elle se retourna. La personne qu'elle avait malencontreusement bousculé était une jeune fille mince aux formes généreuses. Sa chevelure noire était coupé "actuel" et ses habits semblaient "tendances", autant que Fûka pouvait en juger.

L'inconnue était vraiment jolie. Son visage était harmonieux et sa peau hâlée mettait en valeur ses yeux marrons-bleus. Elle haussa d'abord imperceptiblement les épaules en contemplant les cheveux bleus de Fûka puis lui sourit. C'est alors que son regard se posa sur un jean qui dépassait du postérieur de la sorcière d'eau, alors qu'elle allait se présenter :

- Moi c'est... Oh mon Dieu !

Elle tira sur la jambe du jean qui dépassait pour en extirper le vêtement. C'était, pour Fûka, un pantalon tout ce qu'il y avait de plus normal. Le regard de la sorcière d'eau n'était pas éduqué pour capter les détails infimes que captait l'inconnue. Pour elle, c'était juste un simple morceau de cuir teinté et travaillé de façon particulière, puis taillé de manière à ce qu'il puisse être porté. Pas besoin d'en faire tout un plat.

Mais l'inconnue contemplait la pièce qu'elle tenait entre les mains comme s'il s'agissait de la septième merveille du monde. Ses yeux brillaient et elle s'écria avec un bonheur perceptible même pour le dernier des insensibles :

- C'est le DESTIN !

Fûka haussa les épaules alors que, dans un geste exagéré, la jeune fille mit le jean contre son nez, comme pour humer son bonheur.

La sorcière d'eau se releva, se tourna vers celle qui semblait être la chef des vendeuse et s'excusa :

- Excusez moi, c'est entièrement ma faute, j'ai bousculé cette...

Elle jeta un oeil à l'inconnue, toujours occupée à admirer son jean sous toutes les coutures.

- ... jeune femme.

Fûka mit un peu d'ordre dans sa tenue alors que les clientes du magasin se détournaient, retournant à leur shopping. Elle soupira. Il fallait toujours qu'elle provoque une catastrophe de ce genre. Elle se retourna vers l'inconnue et lui dit d'un ton penaud :

- Je suis désolée de vous avoir interrompu dans vos achats.

Elle la vouvoya : il faut dire que la jeune femme l'intimidait quelque peu. Elle semblait tellement avoir confiance en elle. C'était le genre de fille à mettre n'importe quel garçon à ses pieds d'un seul clin d'oeil. Fûka sentit sont taux de confiance en elle baisser de façon vertigineuse. Elle se demanda tout à coup ce qu'elle était venue faire ici. En fait, il lui aurait suffit de se réfugier dans les bois pour qu'on lui foute la paix. Mais non, il fallait qu'elle tente une nouvelle expérience. Et elle était en train de le regretter amèrement.

« Excusez moi, c'est entièrement ma faute, j'ai bousculé cette... Jeune femme. »

Suki entendit une voix lointaine, très lointaine... Elle ouvrit les yeux et émergea petit à petit de la transe dans laquelle elle avait plongé. Les vendeuses ne semblaient pas tant énervées que ça, et la petite foule qui s'était formée disparut bien vite. Elle laissa négligemment retomber le jean et contempla cette étrange fille qui s'excusait timidement.


« Je suis désolée de vous avoir interrompu dans vos achats. »

Mlle Maebara commença par sourire, mais elle ne put réprimer un petit rire, dû à la façon très maniérée d'agir de la jeune fille, ainsi que, sûrement, à la précédente euphorie du Jean-Parfait.


« T'es trop mignonne ! »

Ne put-elle s'empêcher de lui lancer, lui souriant comme si elle avait sourit à un enfant timide qui avait besoin d'être rassuré. Mais ce n'était pas du tout ce qu'était cette jeune fille, et elle semblait de plus en plus mal à l'aise, aussi Suki se reprit-elle bien vite, de peur de la froisser ;


« Ne t'en fais pas, tu m'as permis de faire une extraordinaire trouvaille. »

Sans qu'elle pût y faire quoi que ce soit, ses yeux se remirent à briller d'une naïve excitation. Elle tint le jean devant elle à bout de bras et le jaugea une dernière fois d'un œil critique, puis l'accrocha sur son avant-bras. Elle commença à se diriger vers les cabines, mais s'arrêta au bout de quelque pas et fit volte-face. La neko sourit d'un air engageant à l'inconnue et lui demanda ;


« En fait... Ça te dérangerait de m'accompagner aux cabines ? Histoire d'être sûre que la vendeuse ne m'assure pas qu'il me va parfaitement alors qu'il me fait d'énormes cuisses ! »

Suki gloussa en essayant du mieux qu'elle le pouvait de ne pas faire la dinde. Il est vrai qu'un avis n'était jamais de refus, et elle n'avait pas pensé à entraîné son habituelle critique dans cette escapade fashion, à savoir Ito.

- T'es trop mignonne ! s'exclama l'inconnue.

Fûka la regarda les yeux ronds. Quelle genre de personne était-on pour faire ce genre de déclaration comme ça, tout de go, à une parfaite inconnue ?
En réponse aux excuse de la sorcière d'eau, la jeune femme répondit, avec un gentil sourire, de celui qu'on réservait aux enfants timides :

- Ne t'en fais pas, tu m'as permis de faire une extraordinaire trouvaille.

Fûka regarda le jean de nouveau, cherchant avec attention ce qu'il avait de spécial. Peine perdu. C'était vraiment un jean tout ce qu'il y avait de plus normal. Elle remarqua que les yeux de l'inconnue s'étaient remis à briller. Fûka haussa les épaules. Il y avait des choses que Fûka ne comprendrait jamais.
Elle marmonna un "au revoir" que personne n'eut l'air de percevoir et se détourna, s'apprêtant à repartir au pas de course vers la forêt. Elle en avait plus que marre de la musique électronique du top 10 du moment. Ca lui prenait la tête, toutes ces voix modifiées à l'ordinateur et ces rythmes déjà vus remasterisés.

Elle rajustait sa robe lorsqu'elle entendit la voix de l'inconnue lui dire :

-En fait... Ça te dérangerait de m'accompagner aux cabines ? Histoire d'être sûre que la vendeuse ne m'assure pas qu'il me va parfaitement alors qu'il me fait d'énormes cuisses !

- Heuuuuuuuu....

Fûka ne savait que répondre.. Fallait-il lui avouer qu'elle n'y connaissait strictement rien ? Elle avait peur d'être ridicule. Et puis, de toutes façons, cette fille avait sans doute mieux à faire que de traîner avec la sorcière d'eau... Elle était beaucoup plus cool que Fûka.

Fûka commença à battre en retraite et dit, d'un ton piteux :

- Désolée... Je n'y connais RIEN du tout en vêtements et je crois que je ne vous serais pas très utile.

Elle soupira. "Pas utile." Comme d'habitude quoi.

[Désolée, mais franchement, je vois pas quelle action je pourrais mettre là, et donc le nombre de lignes en a pris un bon coup... xD On a qu'à dire que je me rattraperai par la suite... o/]

Suki ne s'attendait pas à une réponse excessivement enjouée de la part de la jeune fille, mais son hésitation la déconcerta un peu. Et elle fut bien plus que déconcertée lorsqu'elle refusa poliment sa requête. La neko se rapprocha d'elle, lui sourit et lui dit sur un ton de confidence ;


« Il ne sert à rien de s'y "connaitre en vêtements", j'ai juste besoin d'un avis sur mon allure. Le sourire de Suki s'agrandit alors. Et après, si y a pas toute une argumentation fashion derrière, c'est pas si dramatique. »

Et la jeune femme était parfaitement sincère. Les seules fois où elle s'était risquée à acheter un vêtement qui n'avait pu bénéficier que de son unique avis, ils avaient finis au fond de son placard, après avoir été portés une unique fois. C'étaient des erreurs à coup sûr. Suki réalisa soudain qu'elle harcelait presque une pauvre inconnue dont elle ne savait pas même le nom, et qui avait sûrement mieux à faire. Elle tenta donc de réinstaller un minimum de politesse entre les deux interlocutrices ;


« Enfin, si tu as autre chose à faire... Je trouverais bien quelqu'un d'autre à accaparer. Et sinon, je m'appelle Suki. »

Distraitement, en guise d'occupation tandis que cette étrange jeune fille hésitait à la seconder dans son shopping, elle lissait son -fabuleux- jean.

[En même temps, on pas dire que mon RP était terrible non plus >>"]

La jeune femme semblait un peu désarçonner face au refus de Fûka.
Celle ci passait d'un pied à l'autre, ne sachant que dire pour prendre congé. C'est alors que l'inconnue s'approcha de Fûka, un sourire aux lèvres, et lui dit sur le ton de la confidence :

- Il ne sert à rien de s'y "connaître en vêtements", j'ai juste besoin d'un avis sur mon allure. Le sourire de la jeune fille s'agrandit un peu. Et après, si y a pas toute une argumentation fashion derrière, c'est pas si dramatique.

Fûka hésitait toujours... Bon, c'est vrai que d'un côté, elle n'avait rien d'autre à faire. Mais elle avait peur de se sentir ridicule face à l'assurance inébranlable de la jeune femme. En même temps, ce serait peut être l'occasion de sortit un peu du milieu secret et mystérieux de la Pension et d'élargir ses connaissances. Et de se détendre un peu aussi. Fûka était un peu épuisée des aventure à longue haleine. Peut-être le shopping était-il plus reposant ?

- Enfin, si tu as autre chose à faire... Je trouverais bien quelqu'un d'autre à accaparer. Et sinon, je m'appelle Suki.

Fûka la regarda de nouveau, toujours un peu hésitante. C'est alors qu'elle s'aperçut que la jeune femme -Suki- lissait son jean avec une attitude possessive. Elle avait vraiment l'air de tenir à ce vêtement.

Fûka prit alors sa décision et dit, un timide sourire aux lèvres :

- C'est vrai que je n'ai pas grand chose d'autre à faire... Moi c'est Fûka.

Elle regarda autour d'elle et dit, avec hésitation :

- Heuuu, par contre, je te suis. Je serais incapable de trouver la moindre cabine d'essayage ici. J'ai toujours eu un sens de l'orientation totalement nul.

C'est vrai que le magasin s'était rapidement rempli et que les rayons commençaient déjà à se vider. Fûka se rendit alors compte qu'elle avait tutoyé Suki. Elle sourit timidement.

- Aucun problème, ici, c'est comme ma deuxième maison !

Fûka rit.
En effet, Suki se sentait très à l'aise. Lorsqu'elle arrivèrent aux cabines d'essayage, la vendeuse salua la jeune femme d'un signe de tête complice. Fûka écarquilla les yeux. Ce genre de choses existaient réellement dans la réalité ? Elle avait l'impression de se retrouver dans une de ces séries américaines qu'elle regardait lorsqu'elle avait du temps à tuer, ce qui n'arrivait plus très souvent...

Suki pénétra dans une des cabines avec son jean chéri. Fûka s'assit dans l'un des petits fauteuils blancs et moelleux qui semblaient être mis là à disposition des clients. Un homme, en face d'elle, avait l'air de s'ennuyer comme pas possible. Une femme qui semblait être la sienne jacassait à côté de lui en se pavanant dans un luxueux manteaux en vison :

- Ca va ? Il ne me grossit pas ? Et puis, la fourrure, c'est démodé, non ? Hum, j'hésite, en même temps, il est tellement beau...

- Et le prix ? demanda l'homme en levant les yeux au ciel.

- QUOI ? TU NE M'AIMES PAS ASSEZ POUR M'OFRIR QUELQUE CHOSE SANS CONNAITRE LE PRIX ?

Fûka retint un rire. Elle se jura de ne jamais devenir comme ça. Elle adressa un coup d'oeil à l'homme qui était retourné dans son journal alors que sa femme hésitait maintenant pour un jean en daim marron plus qu'hideux, selon l'expérience limité de la sorcière d'eau.

C'est alors que Suki sortit de la cabine, tout sourire. Elle s'appuya contre une cloison, prit la pose et demanda à Fûka :

- Alors, de quoi j'ai l'air ?

Fûka contempla la jeune femme avec un oeil critique. Elle se leva et, après une longue hésitation, elle dit, peu sûre d'elle même :

- Si tu veux mon avis... Il fait TROP.

Elle hésita avant de poursuivre sa critique :

- La forme te vas SUPER bien, je veux dire, tes jambes sont vraiment longues là dedans mais le problème, d'après moi.. c'est ça.

Elle désigna du doigt la sorte de motif doré cousu sur une des poches arrière du jean. En plus de la couleur assez kitsch, le motif créait une sorte de déformation et une fesse paraissait plus grosse que l'autre.

- Un jour, j'avais voulu m'acheter un truc comme ça et comme je déteste faire les magasins, j'avais pas fait attention au motif... mais c'est le genre de détail qui fait trop, non ?

Elle hésita quelque peu en posant cette question. Après tout, ce n'était que sa simple opinion, qui n'avait pas tellement d'importance.

Suki manqua de tomber par terre tant la déception était grande. Heureusement, elle se reprit à temps. "Trop" ? Comment ça, trop ? Trop quoi ? Sûrement pas trop bien. Trop moche ? Trop pute ? Trop grand ? Par chance la neko n'eut pas à s'éterniser sur la question, car Fûka ne tarda pas à s'expliquer.


« La forme te va SUPER bien, je veux dire, tes jambes sont vraiment longues là dedans mais le problème, d'après moi.. C'est ça. »

Si la jeune femme sourit aux compliments, son beau sourire s'effaça vite lorsqu'elle dut se contorsionner pour examiner... Le "trop". Et en effet, ça faisait trop. Ce genre de motif aurait pu embellir le jean, s'il avait été moins voyant ; moins trop pour reprendre l'expression très bien choisie par Fûka. Laquelle enchaîna ;


« Un jour, j'avais voulu m'acheter un truc comme ça et comme je déteste faire les magasins, j'avais pas fait attention au motif... Mais c'est le genre de détail qui fait trop, non ? »

Suki était parfaitement d'accord avec elle, maintenant qu'elle le lui avait fait remarquer, toutefois elle ne s'empressa pas de lui donner raison, observant son derrière avec une moue déçue. Il lui avait semblé tellement.. Parfait... C'était tellement dommage ! Elle vérifia si le motif ne pouvait pas se découdre, auquel cas elle l'aurait acheté puis arrangé elle-même, sachant à peu près manier l'aiguille. Mais il lui sembla que ça ne ferait que ruiner encore plus le magnifique pantalon. Elle haussa les épaules et regarda Fûka.


« Tant pis ! Tu as raison... Ça sert à rien que je l'achète si c'est pour passer mon temps à me cacher le cul. »

Que Suki était plutôt habituée à exhiber. Mais passons. Elle retourna donc dans sa cabine, incroyablement déçue. Mais au moins, si elle n'avait pas trouvé de jean, elle avait trouvé une très bonne critique, peut-être même une future amie, qui sait... Sauf si cette Fûka décidait brusquement d'aller s'occuper ailleurs et la quittait sans rien dire. Elle résista à la tentation de vérifier en jetant un coup d'œil derrière le rideau, jugeant cette hypothèse peu probable. Au lieu de ça elle remit ses vêtements à elle, ajustant au passage son maquillage et sa coiffure. Elle ressortit de la cabine, laissant la place à une jeune femme aussi hystérique qu'elle l'était elle-même quelques minutes auparavant et déposa le jean qu'elle n'achèterait pas à l'endroit prévu à cet effet. Sur quoi elle se tourna vers Fûka.


« Tu veux essayer quelque chose ? Tu as dit tout à l'heure que tu détestais le shopping, mais je peux t'aider à choisir quelque chose si tu veux ! »

Puisqu'elle n'avait rien pour elle, elle pouvait toujours se consoler en aidant Fûka à trouver un article. De la même manière qu'elle adorait essayer des vêtements, elle s'amusait toujours lorsqu'il fallait conseiller quelqu'un.

- Tant pis ! Tu as raison... Ça sert à rien que je l'achète si c'est pour passer mon temps à me cacher le cul.

Fûka rit. Surtout qu'avec les formes que possédait le jeune femme, à sa place, Fûka ferait plutôt l'inverse. Mais, heureusement, le physique de la sorcière d'eau allait à sa discrétion, si l'on omettait les longs cheveux bleus.

- C'est dommage quand même..

Suki vérifia si le motif ne pouvait pas se découdre mais, apparemment, ce n'était pas possible. Fûka n'aurait jamais eu l'idée de vérifier. De toute façon, elle plus une aiguilles étaient égales à de gros problèmes.

La jeune femme partit se rhabiller dans la cabine. Fûka hésita sur la conduite à suivre. Partir ? Rester ? Elle décida d'attendre sagement la suite des évènements.
Suki revint quelques instants plus tard, et posa avec une déception évidente le jean sur la pile des vêtements non vendus. Elle se tourna ensuite vers Fûka et lui demanda :

- Tu veux essayer quelque chose ? Tu as dit tout à l'heure que tu détestais le shopping, mais je peux t'aider à choisir quelque chose si tu veux !

Fûka rougit et baissa la tête. Comment dire ? Effectivement, maintenant qu'elle y pensait, elle avait bien besoin de fringues. Si elle ne grandissait plus depuis au moins une bonne dizaine d'année (sa taille ne dépasserait jamais le mètre 60, c'était sûr...), ses éternelles robes blanches commençait à être légèrement usées.

- Ok, pourquoi pas ? dit-elle en relevant la tête.

La sorcière d'eau se dirigea vers les rayons de vêtements. Il y en avait beaucoup trop ! Comment repérer la moindre petite chose, parmi tout ce choix ? En plus, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle cherchait exactement. Un truc à se mettre au quotidien, pas trop voyant.
Elle demanda à Suki, à moitié sérieuse :

- Comment on fait pour trouver quelque chose, parmi tout ça ?

Elle engloba d'un geste le magasin.

Suki s'amusa de la réaction de Fûka ; celle-ci baissa la tête et ses joues se teintèrent de rouge aussitôt, en une mimique timide mais toujours aussi mignonne. Elle finit par relever les yeux sur la neko, et lui répondit plutôt positivement, ce qui surprit un peu Suki, il faut le dire. Évidemment, elle espérait que Fûka allait être d'accord, cependant elle s'était attendue à un peu plus de... Résistance de sa part. Elle observa la jeune fille aux cheveux bleus tripoter avec hésitation les vêtements aux alentours, pour finir par lui demander ;


« Comment on fait pour trouver quelque chose, parmi tout ça ? »

Et c'est à ce moment précis que s'étala sur le visage de Suki son célèbre sourire en coin, tel une vague de classe vous submergeant instantanément - veuillez nous excuser pour ce débordement d'amour propre de la part de la role-playeuse. Elle s'avança vers elle et croisa les mains d'un geste professionnel, dans une tentative pour se faire prendre au sérieux. Elle prit une profonde inspiration, puis commença.


« Il faut déjà cibler un style, ou alors un type de vêtement. Tu as des préférences ou tu veux bien te laisser guider ? »

Fûka n'avait pas franchement l'air d'être le genre de fille qui se laisserait aller à un tout autre style que l'habituel, mais peut-être que si elle avait un minimum confiance en Suki et qu'elle lui laissait les commandes, se laissant faire jusqu'aux cabines, alors peut-être qu'elle pourrait lui faire acheter des vêtements qui resteraient fidèles à sa personnalité, mais qui pourraient la changer.